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NYINGMAPA, la Tradition des Anciens.overblog.com

Histoire et caractéristiques de la tradition bouddhiste tibétaine Nyingmapa

Les arts du Dharma chez les Nyingmapas

" Prenez une très belle peinture d'un yidam et placez-là en face de vous. Asseyez-vous face à elle pendant un instant sans penser à quoi que ce soit et, ensuite, observez-là de la tête aux pieds. Observez-là encore graduellement des pieds à la tête sans en perdre un détail. Regardez ensuite la thangka dans son ensemble. De temps à autre, relaxez-vous sans penser à l'image, détendez-vous. Et reprenez ensuite l'observation durant tout le jour". Padmasambhava, Enseignements des Dakinis.

Paire de dungchens

Paire de dungchens

Les Thangkas

Les Thangkas sont des peintures sur toile de taille variable, certaines pouvant atteindre plusieurs mètres voire dizaines de mètres. Les Thangkas représentent des mandalas, des divinités, des protecteurs ou encore des lignées de maîtres et servent de support à la méditation. Ils ornent, en particulier, les murs des salles de prière des monastères. On comprend qu'il ne laissent donc pas de place à l'inspiration personnelle. L'artiste doit respecter des règles bien précises dont la symbolique sert de vecteur au transfert de son message pendant la méditation.

On distingue deux styles ou écoles de thangkas : Mendri et Karma Gadri

L'Ecole d'Art Tsering, dans l'emprise du monastère Séchen au Népal, compend une école des Thangkas qui forme des artistes à la peinture sacrée bouddhiste.

Les danses monastiques

Pour convertir les adversaires du bouddhisme au Tibet et au Bhoutan, Padmasambhava eut recours à des rites, mantras mais aussi à des danses qui subjuguaient les esprits locaux. Au Bhoutan, Gourou Rinpoché aida le roi mourant, Sindhu Raja, par ses danses dans la vallée de Bumthang et lui rendit ainsi la santé. Le roi, reconnaissnt, contribua à la diffusion du bouddhisme au Bhoutan. Padmasambhava organisa le premier "festival" de ces danses ou Tsechu, à Bumthang où les huit manifestations de Gourou Rinpoché furent présentées sous la forme de huit dances, les chams à la gloire de Padmasambhava. Les danses monastiques ou Cham sont donc l'expression d'offrandes aux divinités paisibes et courroucées pour qu'elles dissipent les obstacles à la libération. De nombreux personnages interviennent outre les divinités ou les dakinis. Certains symbolisent par exemple l'attachement à l'ego ou l'impermanence de la vie terrestre. Les moines danseurs revêtent des masques, parfois terrifiants. D'autres moines utilisent des tambourins et des timbales pour chasser les mauvais esprits. Toutes ces danses rituelles remontent à la tradition Nyingmapa et célèbrent Padmasambhava. Elles reproduisent, en jouant fortement sur les perceptions sensorielles, les thèmes principaux de leurs croyances, la victoire du bien sur le mal, etc.

Du fait de leur codification très précise, les danses exigent une grande concentration dynamique. Les mouvements, enchaînement et expressions des danseurs sont décrits dans des textes mais la transmission orale demeure fondamentale.

Il existe de nombreux festivals monastiques au Népal, au Ladakh et au Bhoutan, comme le festival d'Hemis (Ladakh) qui a lieu au mois de juin pour célébrer la naissance de Gourou Rinpoché. Tous les douze ans, c'est le festival de l'année du singe pendant lequel un immense thangka de Padmasambhava est exposé. Il convient de citer également le festival de Séchen qui a lieu chaque année à la fin du premier mois du calendrier tibétain. Autrefois, le monastère de Séchen était célèbre pour ses danses sacrées. Dans le monastère reconstruit au Népal sous son impulsion, Dilgo Khyentsé Rinpoché a encouragé et suivi personnellement un vaste programme de préservation du patrimoine artisitique spirituel tibétain. A sa mort, c'est à son petit-fils, Séchen Rabjam Rinpoché qu'a échu cette responsabilité. Des moines sont maintenant formés au Cham, au chant, à la musique, au dessin, à la peinture, à la sculpture, à l'orfèvrerie à Séchen/Népal et se produisent dans le monde entier.

Les spectateurs viennent parfois de loin pour assister aux festivals, avec une profonde dévotion car, quel qu'en soit le thème, les danses sont une projection des méditations qui les précèdent pendant plusieurs jours et elles sont censées permettre potentiellement la "libération par la vue".

La musique rituelle accompagne la célébration de grands évènements comme le gtor zlog qui marque la fin de l'année tibétaine mais soutient aussi les pratiques (ngöndro, tara verte, vajrasattva). Elle peut s'adresser au yidam ou aux protecteurs pour éliminer les obstacles. La pièce musicale est donc une offrande aux divinités. Les rituels - qui font partie intégrante des pratiques essentielles de la tradition Nyinmapa - s'articulent autour de textes, rédigés par des maîtres Nyingmapa comme Gter-bdag gling-pa (1646-1714) et son frère Lochen Dharmashri qui peuvent être en prose ou en vers. Ils commencent toujours par des syllabes-germes et comprennent de nombreux mantras. Là, intervient la tradition orale qui vient compléter les textes dont la connaissance est nécessaire mais pas suffisante. Il faut encore apprendre à les énoncer correctement. Des manuscrits de notation musicale conçus par des maîtres de chant renseignent la partie sonore et, enfin, des manuels expliquent l'usage liturgique de l'ensemble. Sur le plan sonore, la partie vocale s'allie à un dispositif instrumental important.

La poésie tibétaine ne connaît pas la rime. Elle repose sur le rythme, l'accentuation et la césure. Les instruments jouent donc à cet égard un rôle important, notamment les cymbales et les tambours qui donnent le tempo pour tous les autres instruments et alternent avec les choeurs guturaux. Les trompettes et longues trompes jouent toujours par paire.

Les instruments de musique tibétains sont le Dungchen (grande trompe), le Gyaling (trompette), le Romlo (cymbales), le Damaru (petit tambour), le Dungkar (conque).

Architecture, sculpture et peinture des monastères

Les monastères sont conçus dans le style traditionnel tibétain de façon à faciliter l'étude et à inspirer la réflexion et la méditation. Le symbolisme y est omniprésent. Les monastères ont souvent la forme d'un mandala avec un hall central. A chaque étage, le nombre et la taille des fenêtres augmentent. Les murs sont massifs à la base et s'amincissent en prenant de la hauteur. Au rez-de-chaussée, un porche soutenu par des piliers et décorés des statues des protecteurs, donne accès à la grande salle de prière (dukhang). Elle forme le coeur spirituel du monastère. Les fenêtres placées très haut ne laissent guère entrer la lumière. Les moines sont assis parallèlement à l'axe de la salle. Les murs sont décorés de fresques, la charpente est sculptée et peinte, des thangkas et des mandalas sont suspendus aux murs. Partout, on retrouve les cinq couleurs de l'art tibétain : le jaune, le vert, le rouge, le blanc et le bleu. Padmasambhava est représenté sur les murs du temple. Il y occupe une place centrale. Le second étage du hall abrite une salle de réception pour les hauts dignitaires et une autre réservée au Dalaï Lama.

Au Bhoutan, les monastères sont appelés Dzong. ce sont des "monastères-forteresses" qui datent pour les premières du douzième siècle. Les Dzongs sont construits en terre séchée et en pierres soutenues par une charpente de bois. Ils disposent d'une tour centrale appelée Utse. C'est au dix-septième siècle, quand le royaume fut unifié par Ngawang Namgyal face aux offensives des rivaux politiques, qu'elles ont réellement pris cet aspect militaire. Les dzongs possèdent un système hydraulique autonome et peuvent résister aux sièges et accueillir les habitants de la région. Mais ce sont aussi des centres religieux, centres d'étude de nombreux moines et hauts lieux de festivals. Aujourd'hui, les Dzongs sont de surcroît des centres administratifs. Chacune des 20 provinces possède son Dzong

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